L'Asie, l'Europe, l'Afrique, l'Amérique, l'Océanie. (Cliquez pour accéder rapidement aux rubriques)
Chercher à découper la carte du monde en grandes aires musicales est une idée séduisante mais plutôt délicate à opérer. Toute synthèse globalisante est nécessairement réductrice et donc inexacte. Les frontières sont floues et perméables à des influences.
En étudiant les musiques des sociétés asiatiques dites de "haute culture", certains ethnomusicologues ont cherché à mettre en avant des caractères essentiels, des traits communs pertinents, considérant les instruments, les modes et échelles, les modalités d'exécution. En Afrique noire aussi, des contours ont été dessinés par certains chercheurs.
Lorsqu'il est acquis que ces démarches ont leurs limites, et qu'elles ne "donnent au lecteur que les moyens de se faire une représentation des musiques un peu moins chaotique ce qu'une première approche pouvait lui faire craindre", selon les termes de Monique Brandily, on peut alors les proposer.
Les sources les plus intéressantes se situent dans certains ouvrages américains, notamment "The Garland Encyclopedia of World-Music" (Garland publishing, inc. Routledge, NY & London). En 9 volumes, cette encyclopédie offre un panorama des musiques de chaque continent et de chaque pays. Cette source n'est toutefois pas utilisée dans les tableaux qui suivent, faute d'un travail de lecture et de synthèse qu'il serait difficile d'effectuer rapidement ...
· L'Asie (Cliquez pour revenir au menu)
Voici livré ici sous forme de tableau, les données récapitulatives tirées des travaux de Tran Van Khe pour ce qui concerne l'Asie.
Aires culturelles |
Extrême-Orient |
Asie du Sud-Est continentale (thaï-khmer) |
Asie du Sud-Est maritime (malayo-indonésien) |
Asie du Sud (monde indien) |
Asie centrale (monde iranien) |
Asie de l'Ouest (monde turco-arabe) |
Instruments types |
Cithare sur table à chevalets mobiles (& orgues à bouche) - Chine : zheng - Corée : kayagum - Japon : koto - Mongolie : jatag - Vietnam : dan tranh |
Jeu de gongs (17) bulbés sur montant circulaire en rotin (& orgues à bouche) - Thaïlande : khong wong - Cambodge : khong thom - Laos : khong vong/nay - Myanmar : kye waing |
Jeu de gongs bulbés (2 à 12) sur cadre rectangulaire en bois - Indonésie : bonang - Malaisie : chanang - Philippines : kulingtan |
luths à manche long Afghanistan, Bangladesh, Inde, Népal, Sri Lanka, Pakistan. (sitar, sarod, vina, etc) |
luths à manche long Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan. (dotar, setar, tar, etc.) |
luths à manche long Egypte, Irak, Syrie, Turquie, Yémen. (saz, tanbur, 'ud, etc.) |
Echelle musicale |
Echelles di, tri, tétra et pentatoniques. Echelle de base (cycle des quintes) pentatonique anhémitonique (sans demi-tons) |
Echelle de base obtenue par égalisation. Octave divisée en 7 parties égales : equiheptatonique. |
Echelle slendro. Octave divisée en 5 intervalles égaux : equipentatonique. |
Echelles avec des micro-intervalles, obtenues par adjonction de tétracordes. Exemple des 22 shrutis dans l'octave indienne. |
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Modalités d'exécution |
Solistes et ensembles orchestraux (de 3 à 15 musiciens) |
Solistes exceptionnels. Ensembles orchestraux (de 6 à 40 musiciens) : pi-phât en Thaïlande, pin-peat au Cambodge, pin phat au Laos, hsaing waing au Myanmar. |
Solistes exceptionnels. Ensembles orchestraux (de 6 à 40 musiciens) : gamelan en Indonésie, gulintangan en Malaisie, kakolintang aux Philippines. |
Solistes développant le râga. Ensemble exceptionnel. |
Solistes développant le dastgah. Ensemble exceptionnel ou supportant le soliste. |
Solistes développant le maqâm. Ensemble supportant le soliste. |
Système musical |
Musique mélodique hétérophonique |
Musique hétérophonique. Stratification polyphonique. |
Musiques modales (râga, dastgah ou maqâm) |
Voici, toujours sous forme de tableau les données récapitulatives tirées du livre "Musiques et danses traditionnelles d'Europe" de Asselineau, Berel, Chapgier, T.Q.Haï et la FAMDT (éditions Fuzeau, 1995). Le tableau n'est pas complet.
Aires géographiques |
La zone méditerranéenne |
La zone occidentale |
La zone centrale |
La zone septentrionale |
La zone orientale |
Pays |
Espagne, Portugal, Italie, Grèce, sud de la France, ex-Yougoslavie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Arménie, Georgie, Azerbaïdjan. |
Monde celtique : Bretagne, Galice, Grande-Bretagne, Irlande, Ecosse, Pays de Galles. |
Allemagne, est de la France, Suisse, Autriche, Tchéquie, Slovaquie, Pologne. |
Scandinavie, Pays Baltes, Islande. |
Partie européenne de l'ex URSS, Biélorussie, Ukraine, Moldavie |
Instruments |
A vent, de type zurna, flûtes obliques, différents luths, couple tambour flûte ou hautbois. |
Cornemuses, hautbois, harpes, violons, flûtes traversières, etc. |
- Cloches, cors et trompes dans les régions montagneuses. - Archets dominant par rapport aux anches. |
Cithares : kantele finlandais. Violons (hardingfele norvégien, avec cordes sympathiques) |
Cithares. Musique instrumentale ornée (influence directe des tziganes). |
Système musical |
- Langage chromatique, -Rythme asymétrique "aksak" |
- Pentatonisme - Sentiment diatonique dans les musiques instrumentales récentes. |
- Fonds traditionnel disparus dans les pays germaniques. - Echelles heptatoniques |
- Sentiment modal dans les mélodies et les harmonies. - Gamme à 5 degrés |
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Danses |
Rondes ouvertes ou fermées (sardu, farandoles, sardanes, etc.) |
Rythmes de danses très homogènes (valses, polkas, etc.), principalement ternaire. |
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Chant |
- Polyphonies variées. - Chant orné et mélismatique - Psalmodies, improvisations, etc. |
- Solistes avec intervention d'un chœur - Genre épique strophique (ballades, romances) |
- jodel dans les régions montagneuses. - Syllabisme, strophisme. Moins de mélismes - Polyphonie inspirée de la musique savante. |
- Structures strophiques bien articulées |
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Particularismes |
- Influences de la musique tzigane - langages sifflés (Basques, ïles Canaries ...) |
- Chants de marins |
- Forte influence tzigane et des juifs d'Europe centrale. |
Concernant l'Afrique, je renvoie le lecteur à l'ouvrage de Monique Brandily "Introduction aux musiques africaines" (éditions Cité de la musique/Actes Sud, 1997), pages 79 à 107.
L'auteur tente, avec toutes les précautions d'usage, de circonscrire les grandes aires musicales africaines en distinguant des espaces géographiques précis :
- l'Afrique saharo-sahélienne scindée en deux : le monde arabo-méditerranéen et le monde africain, lui même tripartitionné entre les populations Toubous à l'est, les Touaregs au centre et les Maures à l'ouest;
- l'Afrique sub-saharienne coupée en différentes zones : intertropicale, équatoriale et la pointe sud du continent.
Si les Toubous réservent leurs instruments de musique (essentiellement des tambours) aux hommes et le chant plutôt aux femmes, les Touaregs se servent essentiellement de la vièle monocorde imzad (ou amzad au sud) qui est jouée, elle, par les femmes. Quant aux Maures, ils ont développé une musique "savante" de caractère modale, jouée par les griots.
Je laisse le soin de consulter cet ouvrage pour le détail que je ne peux résumer en quelques lignes.
On se référera pour le moment à l'encyclopédie Garland (ou une autre) pour des informations sur les musiques de ces continents.