Les techniques vocales à travers le monde prennent des formes qui ont pu surprendre l'auditeur non averti, et qui surprennent encore aujourd'hui les plus avertis.

Si certains peuples ont négligé ou peu développé la musique instrumentale (comme les Vedda du Sri Lanka ou les aborigènes d’Australie), il n’en est aucun qui méconnaisse ou ne cultive la musique vocale.

Ce sont donc, de par le monde, des milliards d’êtres humains qui, pour chanter, ont inventé, imaginé, cherché - et cherchent encore - des formes d’expression et des procédés d’émission dont l’unique trait commun est d’être fort éloignés des nôtres. Il faut se convaincre que ces dissemblances ne sont pas le fait d’une incapacité à faire " aussi bien que nous ", mais la manifestation consciente et délibérée de mentalités différentes qui explorent des territoires que nous avons ignorés ou négligés.

Il serait illusoire de vouloir dresser un panorama exhaustif de toutes les techniques existantes, quand bien même seraient-elles toutes connues.

Il se pose aussi clairement ici, lorsque nous parlons de la voix, le problème taxinomique. En-effet, si la classification Sachs-Hornbostel (cf. partie ethno-organologie) existe et est aujourd'hui couramment admise pour les instruments de musique, il n'y a pas de système élaboré reconnu pour la description et l'analyse des formes vocales.

Quelle typologie adopter ?

- La voix dans son contexte général :

Voix seule et voix de groupes ou monodie et polyphonie (la polyphonie, on le sait évidemment, n'est pas l'apanage de la musique Occidentale, même si cette dernière a su la codifier grâce à la notation et la porter à un haut degré de sophistication).

Voix accompagnées ou non d'instruments de musique.

- La voix dans son timbre :

Voix de femmes, d'hommes ou d'enfants pose le problème du registre grave médium ou aigu que l'on à classé en Occident comme basse, ténor, alto et soprano.

- La voix dans sa technique : chanté, parlé, déclamé - voix de gorge, de tête, ...

Puis sa couleur, son ornementation, ...

- La voix dans son contexte ethnologique :

Voix ou chant de circonstances ou de fonctions diverses : fête, travail, danse, lié à des rites précis, etc.

 

Le problème reste entier et même si des typologies propres à une ethnie ou une époque ont pu être élaborées, aucune n'a su accorder les ethnomusicologues arrêtés par un inventaire des techniques qui n'est pas encore clos et un manque de vocabulaire acoustique, d'outils musicologiques consensuels et approximatifs.

L'ethnomusicologue et acousticien français Gilles Léothaud propose une classification que je livre ici sans rentrer dans ses détails. On trouvera par ailleurs une esquisse de typologie dans le livre-disque "Les voix du monde" (collection CNRS/Musée de l'Homme, le chant du monde, harmonia mundi, réf. CMX 3741010.12), livre dont je me suis d'ailleurs inspiré ici.

On pourra aussi, entre centaines d'autres ouvrages, se référer au numéro des cahiers de musiques traditionnelles Vol. 6/1993 sur la polyphonie.

Classification proposée par Gilles Léothaud :

1. Voix et instrument de musique

1.1. La voix déguisée

1.2. La voix mélangée à l’instrument de musique

1.2.1. Voix + résonateur

1.2.2. Voix + excitateur

1.3. La voix associée à l’instrument

1.4. L’imitation des instruments de musique

1.4.1. Fonction de remplacement

1.4.2. Fonction ludique

1.4.3. Fonction mimétique

1.4.4. Fonction didactique

1.5. Les instruments parleurs

1.6. L’imitation des animaux

2. Techniques vocales pures

2.1. Voix professionnelles

2.2. Techniques ornementales

2.3. Appels, cris et clameurs

2.4. Exploitation des registres

2.5. Techniques hétérodoxes

2.6. Excitateur externe

2.6.1 Arcs et cithares en bouche

2.6.2. Guimbardes

2.7. Le chant diphonique

2.7.1. Genèse acoustique

2.7.2. Aspect musical

3. Techniques polyphoniques

 

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