Identité et récupération politique

 

            L'identité est une problématique centrale en ethnomusicologie et plus largement en anthropologie.

Une identité ethnique se définit comme étant une communauté qui :

- se perpétue biologiquement ;

- partage des valeurs culturelles fondamentales (imaginaires, symboliques ou réalisations concrètes) ;

- intègre un champ d'interaction (par des échanges) et de communication (par la langue) ;

- compte avec des membres qui s'auto-identifient et sont identifiés par les autres comme distincts.

Des sociétés utilisent la musique pour construire ou produire une identité. La musique permet non seulement de penser son identité, mais aussi de la créer par des actes. Dans une recherche, il convient de ne pas omettre les éléments considérés par les musiciens comme porteurs d'identités.

L'idée, associée ici, de récupération politique  se révèle pertinente sous deux angles d'approche.

D'une part, par la volonté avérée d'une population de brandir sa musique comme étendard politique (une distinction culturelle qui justifierait une revendication politique). D'autre part, par la récupération par un groupe politique (ou un Etat) extérieur qui détourne le sens de la production artistique et musicale d'une population afin de servir ses propres desseins.

Le "détournement" de travaux de chercheurs est parfois possible. Je me réfère encore au terrain français, prenant appui sur un article paru dans le journal "le monde" du 20/02/98 dans lequel, à partir des témoignages d'Olivier Durif et Gilles Servat notamment, l'auteur, Véronique Mortaigne, pointe le doigt sur la récupération nationaliste des notions de "tradition", de "folklore", etc. La chanson n'est ni de "droite" ni de "gauche", mais elle peut facilement le devenir ... Prudence.

Certaines "world music", soyons en sûr sont également orchestrées à dessein pour détruire ce qu'il reste de tradition. Entendre certains disques de mauvaise musique tibétaine diront certains, permet de mieux diffuser la culture de ce pays. Mais quelle culture ? La chinoise ?

De nombreux ouvrages ou articles développent cette question. On pourra entre autres se tourner vers le numéro 35 (nov. 1980) des Actes de la recherche en sciences sociales (Ed. de Minuit) consacré à l'identité, ou vers le n°3/1990 des "Cahiers de musiques traditionnelles" sur "Musiques et pouvoirs" ou encore au n°11-12 de l'Aquarium (Bulletin de liaison et d'information du centre de recherches administratives et politiques, université Rennes 1, 1993) sur "musique et politique" avec beaucoup d'intéressants articles (France et monde).

 

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