Typologie des flûtes

            La flûte fonctionne grâce à l’envoi (par la bouche, le nez, une soufflerie, le vent lui-même) d’un jet d’air sur une arête (le plus souvent biseautée). C'est grâce à ce principe excitateur que se fait la vibration de l’air stagnant dans l’instrument.

On distingue deux types principaux :

- les flûtes pour lesquelles c’est le musicien qui conduit l’air au biseau (ex. flûte traversière) :

 

 

Le souffle est envoyé vers la paroi qui forme le biseau (1). Embouchure et biseau sont situés au même endroit.

- et les flûtes disposant d’un conduit d’air aménagé (ex. flûte à bec).

                                              

Flûte à conduit d'air aménagé par bloc dont l'extrémité est taillée; dite flûte à bec. Constituée d'une fenêtre (1 et 4), d'un biseau (2 et 5), d'un orifice d'insufflation (3 et 6) et du bloc (7)

           

 

 

 

            L’emplacement de l’embouchure est le deuxième critère différentiel. Dans le cas du conduit d’air buccal, on distingue:

- les flûtes dont l’embouchure est terminale : c’est le rebord du tuyau lui même (comme sur la flûte de Pan, qui possède plusieurs tuyaux - pluritubulaire)

 

 

Exemple du tuyau d'une flûte de Pan. Le souffle est envoyé vers la paroi qui constitue l'arête (2). L'embouchure (1) comme le biseau sont constitués par le rebord du tuyau lui-même.

 

- des flûtes où elle est découpée sur la paroi du tuyau et dite latérale (comme la flûte traversière).

            Dans le premier cas (embouchure terminale), le rebord du tuyau peut être découpé et présenter une petite encoche vers laquelle le musicien dirige son souffle (le biseau constituant la base de l’encoche). On parle de flûte à encoche. De nombreux types d’encoches existent de par le monde.

 

 

     Différents types d'encoches. Les flûtes à encoche sont répandues en Afrique, Amérique du sud etExtrême-Orient. A droite, la kena andine. (Cl. ER)

 

            Les flûtes à conduit d’air aménagé les plus courantes possèdent un petit bouchon (appelé bloc) placé en général à l’extrémité du tuyau et laissant juste passer  un filet d’air vers le biseau situé à la base d’une ouverture (la fenêtre). C’est le cas de la flûte à bec, des tuyaux d’orgues dit à bouche... de nombreuses flûtes possèdent ainsi un conduit d’air aménagé par bloc terminal.

 

Flûte à conduit d'air aménagé par bloc, dite flûte à bloc, plutôt répandue en Europe orientale. On retrouve la fenêtre (5), le biseau (1 et 6), l'orifice d'insufflation (2 et 4) et le bloc introduit à l'intérieur du tuyau (3). Les trous de jeu sont souvent situés du côté opposé à la fenêtre (7).

 

            D’autres, plus rares (notamment sur le continent amérindien) possèdent une sorte de bloc situé plus loin dans le tuyau, l’air entrant par l’embouchure terminale et ressortant, dévié par ce bloc pour trouver le biseau.

 

L'air (3) insufflé par l'embouchure (2) est dévié par le bloc rajouté (5) ou par le bloc formé par un nœud végétal (6). Il est dévié ainsi vers le biseau (4), et une partie ressort par la fenêtre (1).

 

D’autres encore ont un conduit d’air qui n’est pas aménagé par un bloc interne mais par une bague qui entoure l’extrémité du tuyau. C’est le cas essentiellement de la suling d’Indonésie.

 

Flûte à bandeau (ou à bague) suling d'Indonésie. On y retrouve l'embouchure (5), la fenêtre (2) et le biseau (4). Un nœud  naturel du roseau forme le bloc (6). La bague (1) est souvent faite en rotin. Les trous de jeu se situent de l'autre côté de la fenêtre (3). Le canal d'air est aménagé entre le nœud du roseau et la bague.

 

Toujours est-il que pour un même principe, envoyer un jet d’air sur un biseau, les cas de figure sont, de par le monde, extrêmement variés et il est impossible de les voir tous.

            Si le nombre de tuyau (un ou plusieurs qui détermine les flûtes monotubulaires des flûtes pluritubulaires, autrement dit flûtes de Pan) est important, la forme du corps de la flûte l’est aussi :

- il est soit tubulaire,

- soit non tubulaire.

Dans cette catégorie, on trouve toute sorte de forme, selon la «fantaisie» de leur facteur : flûtes plus ou moins rondes, dites globulaires ; flûtes zoomorphes... le meilleur exemple est peut-être l’ocarina, pourvu de trous de jeu mais aussi le sifflet de l’arbitre (sans trou, avec une petit bille à l’intérieur).

 

Flûte globulaire sans conduit d'air aménagé. Exemple d'une flûte de terre cuite d'Afrique du sud. Le souffle est envoyé via l'embouchure (1) contre la paroi qui fait office de biseau (2).

 

            La présence de trou n’est pas ce qui définit la flûte et toutes n’en sont pas pourvues. On peut jouer sur plusieurs tubes réunis (flûte de Pan), être plusieurs à insuffler un tuyau chacun de taille différente (en Ukraine par ex.), boucher et déboucher l’extrémité inférieure d’un tube (tilinca, Roumanie).

            La fonction de l’instrument varie d’une société à l’autre. C’est la raison pour laquelle il faut toujours parler de flûte et non de sifflet devant un instrument inconnu qui est court et dépourvu de trou, ou bien qui est globulaire. Les joueurs ne s’en servent pas forcément pour émettre des signaux (le sifflet est une flûte dont la fonction est essentiellement signalétique : appel codé, signaux de chasse, attirer l’attention....). Sifflet est un terme fonctionnel et non organologique. 

 

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