Les aérophones

            Tout instrument fonctionnant avec de l’air, non pas tant parce qu’on y souffle, comme c’est le cas la plupart du temps, mais bien parce que la matière sonore vibrante est l’air, est un aérophone.

            Il existe deux catégories principales : les aérophones à air ambiant et les autres.

            Quand l’air mis en vibration est l’air situé autour de l’instrument (air ambiant), on parle d’aérophone à air ambiant. Le meilleur représentant est le rhombe, une sorte de planchette de forme hélicoïdale percée d’un trou à l’une des extrémités auquel est passé et attaché un lien. Tenant ce lien à la main, on fait tourner dans l’air le rhombe. Celui-ci se met à tourner autour de l’axe du bras qui l’actionne et aussi sur lui-même, faisant s’enrouler le lien dans un sens, puis dans un autre, alternativement. L’air ambiant mis en mouvement par cette double rotation de l’objet aérodynamique provoque un bruit de ronflement.

            Un autre aérophone à air ambiant est le diable. Il ressemble à un bouton à deux trous par lesquels passe une ficelle. En tirant dans un mouvement d’accordéon sur la ficelle, l’objet se met en mouvement et entraîne la vibration de l’air ambiant, générant un son.

 

 

Le rhombe est un instrument à vent à air ambiant. Planchette de bois ou d'os le plus souvent que l'on fait tournoyer dans l'air à l'aide d'une cordelette à laquelle il est relié. Instrument parmi les plus anciens connus (on a retrouvé des modèles vieux de 25 000 ans en Dordogne ou en Amazonie), il est un exemple de l'instrument rituel utilisé dans des cérémonies magico-religieuses, et n'est pas destiné à faire de la musique. Imitant la voix des esprits, intercesseur entre le monde terrestre et le monde supra naturel, parfois lié à des rites de passage ou d'initiations (en Irian-Jaya par exemple). Le rhombe servit aussi d'épouvantail à fauves et à éléphant (en Malaisie par exemple). On pourra lire sur le sujet le passage qu'André Schaeffner consacre au rhombe dans son livre "Origine des instruments de musique" au chapitre consacré à "religion et magie". (Cl. ER)

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            La plupart des aérophones utilisent l’air contenu dans le corps de l’instrument lui-même. C’est aussi de l’air ambiant mais qui est mis en circulation par différents systèmes à l’intérieur de l’instrument. Ces différents moyens d’exciter l’air permettent de différencier les aérophones de cette catégorie à air "contenu" (par opposition à air ambiant).

          

            On parle de flûte, quand la vibration, et donc le son, sera produit par l’envoi d’un jet d’air sur une arête, le plus souvent biseautée. L’air est envoyé la plupart du temps par la bouche, mais aussi le nez, une soufflerie ou le vent lui-même (instruments éoliens).

                                    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En Bulgarie du Nord-Ouest. Un joueur de kaval  à gauche et un joueur de duduk à droite. (Cl. MBLG). Photo de droite : flûte duduk (flûte à bloc). (Cl. MBLG)

 

 

            On parle d’instrument à anche/s quand l’instrument fonctionne grâce à la vibration d’une ou deux fines languettes, généralement en roseau.

• S’il s’agit d’une seule languette qui bat sur un support («bec» de l’instrument ou tube de roseau à partir duquel la languette est découpée) on parle d’instrument à anche simple battante. L’instrument le plus typique est la clarinette. Il donne son nom au système. Le saxophone est une clarinette, l’argul arabe est une clarinette, les launeddas sardes sont des clarinettes...

• S’il s’agit d’une seule languette qui passe à travers le cadre qui la maintient , on parle d’anche libre. L’accordéon, l’harmonica, fonctionnent avec des anches libres. L’harmonium également: qu’il y ait un clavier n’en fait pas un piano!

 

L'orgue à bouche appartient à la famille des aérophones à anches simples libres. Les orgues à bouche sont des instruments que l'on ne retrouve qu'en Extrême-Orient. Le modèle de la photo (le khène) est laotien. Il est d'ailleurs l'instrument national de ce pays. Le khène se prête parfaitement à la polyphonie et est peut-être le modèle le plus évolué de sa famille. Il est muni d'une double rangée de tuyaux de bambou parallèles, munis de trous, et d'une chambre de bois où sont insérées les anches. Ce sont ces instruments très anciens (un modèle chinois 'sheng' fut retrouvé dans la tombe du marquis Yi de zeng inhumé en 433 av J.C.) qui ont inspiré aux facteurs occidentaux les harmonicas et accordéons au 19è siècle. (Cl. ER)

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• S’il s’agit de deux languettes battant l’une contre l’autre, on parle d’anche double. L’instrument choisi pour représenter le type est le hautbois. La graille occitane, le zurna turc ou bulgare, le hichiriki japonais, le suona chinois sont des hautbois.

 

 

 

 

Deux joueurs de zurna accompagnés par le tapan. Macédoine, Bulgarie. (Cl. MBLG)                                                                                                                                         

                                                                                             

        

 

   

 

            Certains instruments mélangent les principes comme l’orgue (flûtes et anches simples battantes), certaines cornemuses (anches simples battantes et anches doubles).

 

 

Joueur de cornemuse gaïda en Bulgarie, région de Rhodopes. Le tuyau bourdon (à gauche) comme le tuyau mélodique (entre les mains du joueur) sont équipés d'une anche simple battante. C'est la présence du réservoir d'air (en peau de chèvre ici) et du tuyau d'insufflation pour l'alimentation qui fait de l'instrument une cornemuse, et non une clarinette. (Cl. MBLG)

                                                                                 

 

 

 

 

 

 

 

            On peut trouver aussi quelques cas plus rares d’instruments (certains appeaux, les feuilles d’arbres ou un brin d’herbe mis devant la bouche) qui fonctionnent comme une anche simple. On parle pour elles d’anche ruban.

            La dernière catégorie est celle des trompes qui fonctionnent grâce à la vibration des lèvres de l’instrumentiste. Celles-ci se comportent un peu comme des anches. On parle d’ailleurs d’anche membraneuse à leur sujet. Le cor est une trompe, la trompette bien sûr. C’est une famille qui ne se prête pas à la "mécanisation"à la différence des flûtes ou de certaines anches (orgue, harmonium...)

 

Corne d'antilope provenant d'Afrique de l'est, cet instrument se rattache à la famille des aérophones de type trompe. On aperçoit le trou d'insufflation (ou embouchure à gauche). Sans trous, ni pistons, ni coulisse, l'instrument ne peut évoluer mélodiquement que par la succession des premières harmoniques que le joueur obtient en modulant l'intensité de son souffle. On connaît en Afrique centrale des ensembles de trompes qui jouent ensemble selon la technique du hoquet (cf. chapitre sur la voix). (Cl. ER). Cliquez ici pour écouter la corne, ou ici pour télécharger la dernière version gratuite du logiciel real player nécessaire à l'audition.

 

Récapitulatif

aérophones

1- à air ambiant (tournoiement d’un objet dans l’air)

2- à air «contenu» dans le corps de l’instrument

      21 - flûte (et, nom du type) : envoi d’un jet d’air sur un biseau

      22 - anche

                221 - simple : vibration d’une languette unique

                221.1 - en ruban

                221.2 - battante (clarinette, nom du type)

                221.3 - libre (mobile dans les deux sens)

                223 - double (hautbois, nom du type) : deux languettes battant l’une contre l’autre

      23 - trompe (et, nom du type) : anches membraneuses

 

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